Cet article est un extrait de l’interview que Wilfredo Borotoche a accordée à Gérald Le Cun, dans le cadre de l’écriture du livre Mon second souffle sur 800 m. Ce témoignage revient sur son parcours hors normes d’athlète master entre le Venezuela, le Chili et les grandes compétitions mondiales, et interroge la place de l’engagement dans la performance après 40 ans.

Originaire du Venezuela, installé au Chili, Wilfredo Borotoche fait partie de ces athlètes dont la trajectoire traverse les frontières — géographiques, sportives, humaines. Champion du monde master en 2013, médaillé encore dix ans plus tard à Toruń et Göteborg, il incarne une fidélité rare à l’effort et à la discipline.

Wilfredo découvre l’athlétisme tardivement, à 25 ans. Très vite, il progresse jusqu’à devenir champion du Venezuela sur 800 m (1’49). Puis il bascule dans la catégorie master avec la même intensité. En 2013, à Porto Alegre, il décroche deux titres mondiaux (800 m en 1’54, 1500 m en 4’03), puis enchaîne avec l’argent à Budapest l’année suivante.

En 2016, une blessure aux ischios le contraint à s’éloigner du 800 m. Il explore d’autres formats, ralentit… mais ne s’arrête pas. Pendant la pandémie, il se reconstruit dans l’ombre : musculation, gainage, renforcement. Quand la piste rouvre, il est prêt.

Aujourd’hui, à 47 ans, il s’entraîne six jours sur sept : fartlek, côtes, pliométrie, muscu, piste. Il encadre également un groupe d’athlètes masters, à qui il transmet les mêmes exigences qu’il s’impose.

Wilfredo n’a jamais séparé sport et service. Pompier pendant 17 ans, il a représenté le Venezuela aux Jeux mondiaux des sapeurs-pompiers dans six pays différents, du Canada à la Corée. Chez lui, l’athlétisme n’est pas un loisir : c’est un socle. Une manière de se tenir droit dans la vie.

💬 Compromiso y motivación : deux mots pour tout dire
Quand on lui demande ce que signifie courir à son âge, il répond simplement :

« Correr me mantiene más saludable, me da dinamismo, me ayuda a liberar el estrés del día a día. »

Courir me garde en bonne santé, me donne de l’élan, m’aide à libérer le stress du quotidien.
Puis il ajoute deux mots :

Compromiso y motivación — l’engagement et la motivation.
« Sans eux, rien ne tient. Avec eux, tout devient possible. »

Le parcours de Wilfredo impressionne autant par sa longévité que par sa cohérence.
Ce qu’il incarne, c’est l’idée que la performance ne dépend pas de l’âge, mais d’un mode de vie, d’un engagement profond et constant. Il ne court pas pour paraître. Il court pour durer. Pour transmettre. Pour rester debout.

Dans cet entretien exclusif, Wilfredo revient sur ses choix, ses blessures, ses victoires, et sur ce que courir signifie vraiment après 40 ans.
Il partage aussi sa vision d’un athlétisme noble, fait d’équilibre, d’altruisme, et d’exigence discrète.

Wilfredo nous rappelle que le sport peut être un engagement total — un fil conducteur dans la vie.
Il montre qu’avec patience, régularité et humilité, il est possible de durer… et d’inspirer les autres à le faire.